NOS ARBITRES NATIONAUX

Isabelle Deville, Valentin De Carlo, Flavio Giannotte, Gentiane Préaux, Anastasia Ramazzotti Arbitre International BAnne-Elisabeth Rieder, Fabienne Schumacher, Michel Speltz, Lynn Strasser

ANASTASIA :
ARBITRE INTERNATIONAL B

 

 
 Anastasia Ramazzotti pratique l’épée depuis l’âge de 13 ans à Escrime Sud. Après avoir participé à de nombreuses compétitions de haut niveau, elle est devenue arbitre international en 2014. 
​Découvrez ici l'interview avec la jeune arbitre :

Pourquoi avoir choisi de devenir arbitre ?
Bonne question! L’idée est venue de Maître Pizay. J'aime bien appliquer des règles et l'arbitrage me permet d'avoir une approche plus intellectuelle du sport ce qui me plaît beaucoup. On ne peut pas vraiment comparer l'arbitrage et l'escrime en tant qu'activité sportive. Ce sont deux activités qui suscitent des sentiments bien distincts même si tout tourne autour du même sport. Il est néanmoins intéressant de pouvoir se retrouver des deux côtés. Même si je n'ai, malheureusement, que peu de temps à consacrer à l'arbitrage à cause de mes études, cela reste la meilleure façon de rester en contact avec le sport de haut niveau. Comme dans l'aspect purement sportif, l'arbitrage me donne l’occasion de voyager, de revoir mes amis et de faire de nouvelles rencontres, mais aussi de ressentir la montée d'adrénaline! Imaginez-vous arbitrer un match de tableau de 8 et le score est de 14-14.... ça peut devenir stressant!
Quelles sont les qualités d’un bon arbitre ?
Selon moi le plus important: rester calme, ou du moins, savoir bien gérer son stress. Les tireurs, les entraîneurs et le public ressentent tout de suite la moindre fluctuation dans la confiance d'un arbitre. C’est pour cela qu'il faut toujours être sûr de soi quand on prend sa décision. Cela passe par plusieurs détails. Naturellement, la voix est un instrument essentiel pour l'arbitre. Il faut parler d’une façon claire et compréhensible même si ont des doutes. Un jugement donné avec assurance sera beaucoup moins contesté.
L'autorité de l'arbitre passe aussi par l’apparence physique. Être bien habillé montre qu’on prend sa tâche au sérieux. À travers sa tenue vestimentaire l'arbitre fait passer un message subliminal: "je suis celui qui juge et je prends mon rôle au sérieux." Finalement la posture est très importante. L'arbitre le mieux habillé au monde n'aura pas d'autorité s'il est tout replié sur lui-même. Tout le monde peut faire des erreurs, nous ne sommes pas des robots, mais c'est l'attention au détail qui permet de minimiser les dégâts.
Naturellement il faut aussi connaître le règlement par coeur, cela va sans dire. Beaucoup d'escrimeurs ne connaissent pas leur règlement, se rappellent seulement  ce qui les arrange ou bien essayent de changer le règlement en leur faveur. C'est dans ces moments-là que l'arbitre doit être strict dans ses décisions et analyser la faute du tireur, parfois cela passe aussi par l'explication de l'article en vigueur. Beaucoup de tireurs et d'entraîneurs ont une imagination débordante, mais le rôle de l'arbitre est d'appliquer ce que dit le règlement pour que l'assaut reste fair play. Il ne faut pas oublier que si, en tant qu'arbitre, je laisse passer une irrégularité, je fais un "cadeau" à un des deux tireurs et je "vole" quelque chose à son adversaire.
Finalement, je trouve qu'en tant qu’arbitre, mais aussi dans la vie en général, il faut être ouvert à toute sorte de critique constructive. Comme  j'ai commencé à un si jeune âge, j'ai du apprendre beaucoup de choses sur le terrain. D'autres arbitres plus expérimentés (le français André Piatko ou le suisse Daniel Buchs, pour en nommer que deux) m'ont beaucoup aidée. Ils m'ont donné des astuces et des solutions que j'ai ensuite pu mettre en pratique lors de matchs. Naturellement on ne peut pas toujours être d'accord avec tout. Le règlement laisse aussi beaucoup de place à l'interprétation et donc à la discussion, qui est, pratiquement toujours, plutôt constructive!

Que penses-tu de l’analyse vidéo ?
Personnellement je trouve que la vidéo peut être un outil très pratique pour les arbitres. L'escrime est un sport très rapide (la pointe d'un escrimeur est l'objet le plus rapide aux JO après la balle d'un pistolet!), une action, en un quart de seconde, peut être terminée et même si l'arbitre est habitué à voir et à pressentir les touches, il se peut qu'il soit mal placé, dans un mauvais angle ou qu'un doute s'installe. Dans ces cas-là la vidéo devient un gage d'objectivité dans la décision finale de l'arbitre et il ne faut pas avoir peur de l'utiliser. Comme je l'ai déjà dit auparavant, errare humanum est, nous ne sommes que des êtres humains finalement.
Comment passe-t-on de la force de combat à la sagesse de l’arbitrage ?
Je ne pense pas qu'il y ait vraiment une transition visible. Le passage est très organique. Chaque tireur a déjà eu un contact avec l'arbitrage à un moment donné. En France, par exemple, à travers les blasons. L'Allemagne a un système similaire. On ne peut pas vraiment faire de la compétition en ignorant le règlement et le travail de l'arbitre. Au fond, le tireur doit aussi avoir une bonne compréhension du rôle de l'arbitre pour pouvoir participer aux tournois de la meilleure façon possible. D'ailleurs, énormément d'arbitres ont d'abord été tireurs car, bien que les tireurs n’aient pas forcément besoin de ressentir le travail de l'arbitre, ce dernier doit ressentir les actions des tireurs pour comprendre leurs intentions.
Beaucoup de nos décisions se fondent sur le décryptage de ce que nous pensons être l'intention finale d'un tireur. Le dépassement est-il le résultat d'une attaque ou bien l'envie d'échapper à une touche? La flèche est-elle partie avant ou après mon halte et pourquoi? Ce qui semble n’être qu’un détail peut avoir un grand impact sur l'assaut: vais-je donner la touche ou non? Cette action mérite-t-elle une sanction ou non?
Pour passer à l'arbitrage, il s'agira donc de passer de la sensibilité de sportif et de la compréhension intime du sport à une utilisation bien plus intellectuelle que strictement sportive. Cela peut-être un procédé plus ou moins long, aussi parce qu'il faut souvent faire la part des choses entre ce que nous faisions en tant que tireur (et qui est peut-être faux selon le règlement) et ce que l’on attend de nous en tant qu'arbitre.
Je pense néanmoins qu'il est important de ne pas séparer arbitrage et escrime comme deux entités indépendantes. Elles se trouvent en dialogue constant et il est important que les arbitres restent proches du sport en tant qu'activité physique et que, vice versa, les tireurs prennent l'habitude d'arbitrer de temps en temps. Cela permet une meilleur compréhension de l'autre qui peut ainsi mener à une meilleure entente sur les pistes de compétition.

COMMENT DEVENIR ARBITRE
Au Luxembourg, il faut passer l'examen d'arbitre national à une arme d'abord, qui consiste en un écrit et en un oral.
Pour passer arbitre international, cela se fait en plusieurs étapes : La Confédération Européenne d'Escrime (EFC/CEE) propose depuis quelques années une licence C qui est obtenue grâce à la participation à plusieurs Circuits Européens, comme celui organisé au Luxembourg. Les différents candidats sont observés et jugés à plusieurs reprises avant de se voir accorder la licence C. Puis la fédération nationale d'un arbitre peut décider de l'inscrire à un des examens organisés par la Fédération International d'Escrime (FIE) pour passer sa licence B. Ici, les modalités changent plus ou moins fréquemment. Il faut donc se mettre à jour au moment venu pour savoir en combien d'étapes consiste ledit examen.
Pour pouvoir arbitrer aux Jeux Olympiques, il faut être arbitre B dans au moins deux armes et participer à un bon nombre de tournois internationaux, aussi bien chez les Juniors que chez les Séniors.

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